Pour soutenir les peuples autochtones menacés d’extinction, Artists for Amazonia a mobilisé des vedettes internationales dans un livestream humanitaire confiné.
Jane Goodall, Morgan Freeman, Barbara Streisand, Carlos Santana, Jane Fonda, Cara Delevingne, Sting, Herbie Hancock, Peter Gabriel et une cinquantaine d’autres célébrités internationales ont joint leur voix à celle des populations amérindiennes d’Amazonie, via un livestream de trois heures trente diffusé sur Youtube le 29 mai dernier. L’événement, appelé « Artists United for Amazonia », visait à faire connaître le Fonds d’urgence pour l’Amazonie créé début mai par la COICA, Coordination des organisations indigènes du bassin amazonien, et diverses ONG. Au programme : concerts, prises de paroles, documentaires.
Cet événement humanitaire, dédié à la mémoire du syndicaliste agricole Chico Mendes (1), n’est pas sans rappeler USA for Africa, la mobilisation de chanteurs stars pour les éthiopiens qui mouraient de faim en 1985, avec Michaël Jackson et Lionel Richie aux manettes. Sauf que, cette fois,-ci, les artistes n’étaient pas réunis sur une scène mais se filmaient depuis leur domicile, pour cause d’épidémie.
Présentée par l’actrice en vogue Oona Chaplin, petite fille de Charlie Chaplin, la soirée a été consacrée en partie au coronavirus. Très inquiet, Benki Piyãko, le leader Ashaninka (Brésil), a estimé que l’épidémie pouvait « devenir beaucoup plus grave que les incendies ». « Si nous laissons le covid entrer en Amazonie, la responsabilité sera sur nos épaules, a insisté l’anthropologue canadien Wade Davis. Nous savons plus de choses aujourd’hui qu’au 16e siècle et nous devons donc faire mieux. »
Pour Nina Gualinga, militante éco-féministe Kichwa (Équateur), « c’est la première fois dans l’Histoire fois que les peuples autochtones affrontent de nouvelles maladies dans un contexte où que la forêt n’est plus pour eux un refuge sûr ».
Les dons récoltés par la COICA serviront à doter ces populations de structures de soins urgents, de matériel médical, sanitaire (médicaments, masques, désinfectants…) et logistique (transports des malades dans des centres de santés), mais aussi à acheter de la nourriture ou encore améliorer la protection, la sécurité et la résilience de ces communautés.
En ce moment, dans la bouche des chefs indiens d’Amazonie, les mots « génocide », « ethnocide », « extinction » ou « extermination » reviennent sans cesse, renvoyant l’Occident aux pires pages de son Histoire. Parallèlement au live, la COICA a demandé « aux Nations Unies, à l’OMS et à l’Organisation panaméricaine de la santé, qu’elles déclarent en urgence une « catastrophe sanitaire » en Amazonie et organisent une « aide sanitaire internationale ».
Mais la demande récurrente du live était la mise en place d’un « moratoire immédiat sur la déforestation ». L’actrice et mannequin Cara Delevigne a réclamé à ce titre la reconnaissance du crime d’écocide dans le droit international. Et au nom de tous les participants à l’événement, la directrice de l’ONG Amazon Watch, Leïla Salazar Lopez, a appelé au boycott d’investisseurs tels que BlackRock et JP Morgan Chase, financeurs de la destruction de l’Amazonie et du climat mondial.
Puis le live s’est achevé en compagnie de la chanteuse Barbara Streisand : « La pandémie aura au moins eu la vertu de rendre clair comme du cristal que nous sommes tous connectés. Nous sommes tous responsables de chacun, dans un sens que nous n’avions encore jamais vu auparavant. Nous ne pouvons nous protéger nous-mêmes qu’en protégeant les autres. »