Super maman #03 : De retour du Mexique, où les enfants sont cloîtrés depuis un an à cause du Covid-19

Le dernier séjour de Super maman au Mexique a été rude : là-bas, les enfants, considérés comme principaux vecteurs du covid, n’ont pas le droit de sortir de chez eux depuis un an.

Au Mexique, l'enfance enfermée.
Illustration: Marion Narbonnet.

e retour en France après un mois au Mexique [voir l’épisode précédent], un bilan s’impose. Avant toute chose, je m’adresse à la charmante passagère du vol Mexico-Madrid qui a passé son temps à crier « chuuuuuut » au moindre son aigu, cri de joie ou pleurs de fatigue de notre bébé de 2 ans : votre égosillement n’a servi à rien, sinon à user un peu plus notre patience déjà mise à l’épreuve par notre progéniture. Merci de votre contribution.

Toutefois, soyons francs : de bout en bout le voyage retour a été un enfer. Exténués par plusieurs nuits blanches à soigner l’angine de petite Hirondelle et les poussées de fièvre de petit Tourbillon, mon compagnon et moi étions en outre stressés par les mesures sanitaires et administratives mises en un place vers la France, émus de laisser derrière nous famille et amis, ébranlés par la situation sanitaire et économique de notre cher Mexique. Et j’étais pour ma part cassée par des heures d’insomnies de grossesse [Super maman est enceinte, N.D.L.R.]. C’est donc tant bien que mal que nous avons affronté les quarante-huit heures de trajet qui séparaient notre lieu de séjour de la maison.

AU MEXIQUE, L’ÉCOLE EST FINIE

Nous y voilà enfin, confinés cependant pour sept jours [une obligation pour les voyageurs hors U.E., N.D.L.R.]et « jetlagués » au possible. À nous les joies du petit-dej à 22 heures, des sauts sur le lit à 4 heures du matin et des « mamaaaaaaan j’ai faim » en plein sommeil profond. Mais à nous aussi le jardin verdoyant où les enfants peuvent s’ébrouer, l’air frais de février qui pique le nez et les câlins du chat heureux de nous revoir.

Paradoxalement : éprouver une sensation de liberté en revenant de ce voyage. Après un mois sans école, petite Hirondelle s’apprête à retrouver ses copines et sa maîtresse. Du haut de ses 4 ans elle ne mesure pas sa chance : au Mexique, les enfants sont privés d’école depuis un an. Douze mois d’instruction à domicile avec les moyens du bord : le smartphone de la grande sœur, un ordinateur pour quatre, quelques heures de cours à la télé. Beaucoup d’entre eux sont seuls face aux écrans, croulent sous les devoirs virtuels et passent de sept à neuf heures par jour les yeux écarquillés et la bouche bée.

SCANNER L’UNIVERS À COUPS DE QR CODES

Les classes de guitare et de danse sont virtuels, les rencontres amicales aussi. Les parcs sont fermés, les aires de jeux condamnées, les boutiques interdites aux mineurs. Depuis un an, au Mexique, l’enfance est cloîtrée. Les restaurants, les cafés, les magasins sont ouverts mais la rue appartient aux adultes. Considérés comme véhicules virulents du virus, les moins de 15 ans sont reclus et exclus de l’espace public. Au pays de l’enfant roi, le covid étouffe, dans une tristesse infinie, toute une génération.

Les parents, sans couverture sociale ou aide quelconque, doivent parfois abandonner leurs rejetons à eux-mêmes plusieurs heures par jour, pour aller travailler. Des ados s’enferment dans leur bulle digitale et rejettent le monde, déjà souvent trop hostile à cet âge. Des bouts de chou collent leur front éteint aux fenêtres et scannent l’univers à coups de QR codes. Je ne suis pas là pour juger mais en tant que maman, je ne peux que ressentir un terrible sentiment d’injustice et percevoir l’imminence du désastre. Rien ne justifie d’enfermer un enfant et de lui voler les heures les plus folles de sa vie. Pas même la mort ou la maladie. Parole de maman.

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À propos de l'auteur
Journaliste globe-trotteuse, j’aime rire et raconter des histoires vraies. Je crois que dans la vie l’important c’est de regarder autour de soi.
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