Face à la crise du logement dans la capitale, des artistes atterrissent dans des squats. Mais ils doivent quitter Le Post (Paris 9e) : la convention d’occupation était temporaire, leur rappelle le propriétaire de l’immeuble !
Le feuilleton Squat story est raconté ici par Gaspard Delanoë, figure historique des squats d’artistes parisiens, ouvreur d’immeubles vides dont le célèbre 59 Rivoli, conventionné avec la Ville de Paris. Dans le précédent épisode, il expliquait que l’intérêt des médias internationaux pour le Jardin Denfert (un nouveau squat à Paris 14e) avait offert une protection aux artistes.
l n’en allait pas de même au Post, rue Blanche. Car là-bas, l’arrivée de l’automne signifiait la fin de l’aventure du squat. Personne n’avait en effet imaginé que la compagnie d’assurances-globalized oserait octroyer au collectif une prolongation de la convention obtenue de haute lutte.
Et de fait, dès les premiers jours d’octobre, des émissaires de la compagnie d’assurance envoyèrent des messages très clairs aux responsables du Post afin de leur rappeler qu’ils s’étaient engagés à quitter les lieux le 31 octobre 2019 et qu’en cas de non-respect de cet engagement, des pénalités financières prononcées par le tribunal de grande instance de Paris seraient appliquées.
GRAINS DE POUSSIÈRE
Il ne restait plus qu’une chose à faire : se mettre en quête d’un nouveau bâtiment, errer dans les rues à la recherche d’un immeuble vide, passer ses jours à traquer dans la ville un carreau cassé, une porte déglinguée, des vitres pleines de poussière.
Voilà.
Nous étions à nouveau en recherche.
Nous cherchions de la poussière.
Car poussière tu es, et à la poussière tu retourneras.— Genèse 3:19
Un premier lieu repéré, immense, en face de la gare de l’Est – l’hôtel des voyageurs –, fut rapidement abandonné car au vu de certains plafonds qui semblaient sur le point de s’effondrer, il était évident que ce bâtiment se trouvait en arrêté de péril et qu’en aucun cas, la préfecture ne prendrait le risque de laisser des squatteurs s’installer dans un hôtel aussi vétuste…
Un deuxième hôtel, situé non loin de la gare du Nord, rue Saint-Quentin, fut repéré, mais là aussi, de lourdes complications se firent jour très vite (porte anti-squat difficilement contournable, fenêtres des premier et deuxième étages murées…) et nous contraignirent à abandonner cette piste.
LE SABLIER SE VIDE
Puis nous crûmes pendant quelques jours qu’un grand lieu rue de Dunkerque était prenable… avant de nous apercevoir qu’il était discrètement – mais fermement – gardienné.
Les jours passaient et le sablier inexorablement faisait peser sur tous une menace très simple : que ferions-nous de toutes nos œuvres, de tout notre matériel, de nos sommiers, de nos lits, de nos bureaux si le 31 octobre à minuit nous n’avions rien trouvé ?
> À (re)lire : les autres épisodes de la série Squat story.