Les habitants de Caramany (Pyrénées-Orientales) et alentours luttent contre des projets d’éoliennes géantes qui menacent la faune sauvage (aigle de Bonelli) et le patrimoine. Ils prennent la parole dans le journal minimal.
Situé sur les contreforts des Pyrénées-Orientales, Caramany est un petit village viticole de 150 habitants. Il appartient à cette zone venteuse et sauvage nommée Le Fenouillèdes, avec au nord la chaîne des Corbières et au sud le massif du Canigou, région exceptionnellement préservée qui présente un très grand intérêt culturel, historique, et géologique.
Or, depuis un an, avec le soutien de l’État qui souhaite multiplier par trois le parc éolien national actuel, de nombreux promoteurs et installateurs d’éoliennes voient comme une aubaine d’installer des machines dans cette zone encore vierge. Un comble pour Caramany, village soucieux d’économie d’énergie qui a notamment fait le choix de réduire sa consommation électrique en éteignant chaque nuit, depuis plusieurs années son éclairage public, et qui a d’ailleurs obtenu le label « Village étoilé ».
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Voici comment tout a commencé…
En novembre 2018, les habitants de Caramany découvrent soudainement, à la limite de leur village, un mât de mesure de 80 mètres de hauteur, surplombant les habitations. Ce pylône est destiné à établir des mesures pour le calibrage des machines d’un futur parc éolien. Ce projet industriel a été validé par le Conseil municipal de Trilla, commune voisine dont le bourg ne sera pas impacté puisqu’il se trouve, lui, à deux kilomètres.
Le compte rendu de séance du conseil municipal de Trilla indique que sur six conseillers, présent, un seul a en fait voté pour, un autre s’est abstenu, et quatre (dont le maire) n’ont pas participé pas au vote, ayant des intérêts financiers directs ou indirects dans cette décision ! Sans consulter les habitants de Caramany, la mairie de Trilla a donc cédé aux démarcheurs : elle va proposer des locations de terrains pour une vingtaine d’années au promoteur ABO Wind.
Les projets d’éoliennes géantes
Trois à cinq éoliennes géantes de nouvelle génération (de 150 à 200 mètres de hauteur !) risquent donc d’être implantées sur la ligne de crête surplombant Caramany. Face à cette intrusion aux conséquences irréversibles sur la garrigue de moyenne montagne, quelques habitants du village décident de créer le comité citoyen « Camp del Roure », du nom de la crête en question. Le but premier de ce comité apolitique et indépendant est de faire respecter les intérêts et les droits du village, en informant ses habitants.
C’est en menant des recherches que le collectif a découvert avec stupeur l’existence de quatre projets d’éoliennes géantes dans cette partie du Fenouillèdes, dans un rayon de seulement cinq kilomètres : à Feilluns et Trilla (ABO Wind), Bélesta (ENGIE Green) et Cassagnes (non déclaré).
Les habitants s’unissent, les pétitions circulent
Cette invasion massive a poussé les habitants hostiles de bon nombre de villages du Fenouillèdes à s’unir en créant l’association « Préservons le Fenouillèdes ». Aujourd’hui, le collectif Camp del Roure et des habitants de Caramany, Prats de Sournia, Feilluns, Trilla, Saint Martin de Fenouillèdes, Ansignan, Vira… militent dans cette association de bénévoles.
Tous ses adhérents, ne sont bien sûr ni contre les énergies renouvelables, ni pro nucléaire ou pour un retour à l’éclairage à la bougie ! Ils souhaitent simplement faire entendre leurs voix contre cette implantation irraisonnée et anarchique de parcs industriels éoliens. Des pétitions circulent, et celle en ligne, « Non aux projets de parcs industriels éoliens à Felluns et Trilla » a déjà recueilli plus de 9 000 signatures. Le but est d’alerter le préfet des Pyrénées-Orientales de l’opposition de la population à ces projets.
Les promoteurs se veulent rassurants mais leurs explications restent succinctes en ce qui concerne le respect de l’environnement et des paysages. Par exemple, dans les conventions signées avec les mairies accueillantes, une clause impose au promoteur de remplacer à l’identique les chemins de randonnée empruntés, de remettre en état initial les tronçons de forêt arrachés après leur passage… Mais comment feront ils pour replanter plusieurs milliers de mètres carrés de chênes verts quasi centenaires pour certains ?
Des conséquences désastreuses
Les solutions proposées par les promoteurs ne semblent pas assez efficaces pour ne pas perturber les territoires de chasse et de reproduction de certaines espèces protégées déjà en danger de disparition. La zone est riche d’une biodiversité exceptionnelle, on y trouve l’aigle de Bonelli, des colonies de chauves-souris, des vautours, des reptiles, etc. C’est pourquoi les défenseurs du Fenouillèdes appellent les pouvoirs publics et les promoteurs à une étude plus fine et plus large avant de commettre l’irréversible, d’autant que les alternatives énergétiques existent.
L’hydraulique est délaissée, car comment sinon expliquer l’arrêt total, depuis environ deux ans, des deux turbines neuves du barrage de Caramany sur l’Agly (capacité de production de 6 000 mégawatts par an), inaugurées il y à peine quatre ans ? Pourquoi ne développe-t-on pas le photovoltaïque en équipant systématiquement toutes les toitures des bâtiments publics, agricoles et parkings ? Qu’en est-il des recherches sur la géothermie, alors que le sous-sol des Pyrénées orientales est riche en sources d’eau naturellement chaudes ?
Le marché de l’éolien est très lucratif ce qui explique la quantité actuelle de promoteurs et leur détermination à implanter coûte que coûte des parcs en utilisant l’argument écologique. La réalité est pourtant celle-là :
- Destruction irréversible d’une zone sauvage à la faune et la flore remarquables.
- Réalisation de kilomètres de nouvelles routes disproportionnées, à flan de collines, pour l’accès aux chantiers (5 mètres de large minimum).
- La réduction considérable de l’efficacité des canadairs en cas d’incendie, alors que la zone de Caramany est classée à haut risque.
- Atteinte à la cohésion sociale en milieu rural : les favorables opposés aux défavorables, intimidations, rumeurs.
- Anéantissement du travail de certaines municipalités du Fenouillèdes pour valoriser cette zone sauvage originale en développant un tourisme responsable, vert et de pleine nature : Parc Naturel Régional, projet d’un Géo parc inscrit à l’Unesco (zone géologique remarquable), base nautique sur l’Agly et Maison de Pleine Nature, randonnée, sport, tourisme œnologique…
- Non-respect de monuments historiques classés ou inscrits : le clocher de Caramany, inscrit aux Monuments Historiques, a été construit par les villageois au début du 19e siècle. L’aqueduc d’Ansignan, classé aux Monuments Historiques et témoin de l’époque romaine, est un ouvrage majeur du Fenouillèdes. Ses bases sont estimées à 300 ans après Jésus-Christ.
Comment soutenir la lutte ?
Des enquêtes publiques sont en cours, destinées au préfet des Pyrénées orientales. Celui-ci en fonction de tous les documents et arguments délivrera ou non le permis de construire du ou des parcs. Vous pouvez soutenir la préservation du site exceptionnel du Fenouillèdes en signant la pétition, rejoindre le compte Facebook « Préservons le Fenouillèdes » ou envoyer un e-mail à eolcampdelroure@gmail.com.
14 réponses
Ces habitants préfèrent une bonne vieille centrale nucléaire sans doute ….
Alors oui, ça défigure le paysage et cie. Mais à la vue de l’état de la planète, le temps de faire la fine bouche est révolue.
Il est impératif de passer sur de l’énergie renouvelable ! Éoliennes, panneaux solaires individuels ou autres, mais là, il n’y a plus le choix
Les promoteurs se gavent de subventions. Et n’apportent aucune diminution de nos émissions de co2.
L’écologie, ce n’est pas cette industrie verte comme le dollar.
[…] Ce Bob est méprisant pour les riverains des éoliennes et habitants qui proposent les solutions alternatives à l’éolien !
Cher BoB
L’Etat a arrêté la micro-Centrale Hydroélectrique du Barrage de l’Agly situé à Cassagnes. Bien entendu les ignares journaleux et beaucoup de catalans l’appelle Barrage de Caramany si ça peut vous aider pour le situer! L’Etat ne veut plus payer la taxe professionnelle à Cassagnes. Ils ont décidé l’arrêt de la centrale! D’après l’Etat, c’est pas cher la taxe professionnelle que payent les entreprises. D’ailleurs ils lui ont mis un autre nom pour l’augmenter. Mais ils préfèrent arrêter une centrale qui fournis une moyenne d’électricité à plus de 2000 foyers (d’après ce qu’ils en disent, peut-être que c’est plus) Alors vous croyez que ça les intéresse beaucoup l’énergie renouvelable!! Ce sont plus tôt les pots de vins que certains vont toucher pour mettre ces éoliennes géantes!
Bob justement ces éoliennes défigurent la planète et sont nuisibles à la faune qui est très fragile, même l’hydraulique est plus performant. Quand au nucléaire il vous faudra combien d’éoliennes pour produire autant d’électricité. […]
si vous prenez la peine de lire l’article en entier, vous verrez qu’aucune solution écolo n’est écartée, bien au contraire!
J’ai une idée !!! camarades au lieu d’être contre tout ce qui bouge, demandez plus tôt des participations, vous verrez que quand les éoliennes vous rapporteront, vous les verrez d’un autre oeil
Exigez: qu’ils détachent une éolienne par village, vous la gérez sous forme coopérative, prendra des parts qui voudra, même à crédit, (ne craignez rien ça rapporte)
Une éolienne rapporte 250 000 € par an par MW installé,(dans notre région) et se paye sur 5 ans, sa durée de vie est de 25 ans.
Ne vous laissez pas faire exigez qu’une éolienne soit détachée par chaque village concerné.
C’est vous qui les aurez sous le nez à vie, autant que ça vous rapporte.
José Martos
Les éoliennes rapportent (pour l’instant) parce quelles sont largement financées avec de l’argent public ,votre argent Martos regardez plus en détail votre facture d’électricité et vous comprendrez.
Tiens, monsieur Martos, vous étiez déjà sur le coup avec Elsam il y a quelques années, non? Alors, toujours intéressé à l’implantation d’éoliennes, directement dans le porte monnaie !!
C’est malin, votre démarche, mais j’ai peur que vous ayez affaire à de vrais amoureux de leur pays. Qui ne souhaitent pas perdre 30 à 40% de leur maison au passage…
UBUESQUE, LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE & L’ABERRATION FISCALE
Les habitants de Caramany (66) sont en lutte pour la défense de leur « Bien Vivre » au travers du Collectif Le Camp Del Roure, ils s’opposent à un projet d’implantation d’un parc éolien (3 à 6 aérogénérateurs) en limite de la commune de Caramany sur le territoire de la commune voisine de Trilla. Ce projet est porté par la société Abo Wind. ABO Wind lance en 2017 la réflexion pour de nouveaux projets sur le territoire des Pyrénées Orientales. C’est dans ce cadre qu’ABO Wind, en accord avec la municipalité de Trilla, a lancé le projet éolien sur les secteurs de Camp del Roure et Coll de Taupo .La zone d’étude a été choisie en fonction des différentes contraintes techniques et environnementales du territoire, mais également pour sa position géographique éloignée par rapport aux principaux bourgs. Caramany est situé à proximité du barrage sur L’Agly, le barrage est équipé en 2015 d’une centrale hydroélectrique qui comprend deux turbines de 2.3 MW et construite en aval du barrage. Or cette centrale est à l’arrêt depuis bientôt 3 ans, non pas pour des problèmes techniques mais tout simplement en raison d’un différend qui oppose le Département des Pyrénées Orientales propriétaire du barrage et les services fiscaux concernant la base d’imposition de la taxe foncière sur les propriétés bâties. D’un coté l’écolo business et ses projets éoliens largement subventionnés par l’argent du contribuable
(au travers de sa facture EDF) et qui sous couvert de la transition énergétique( grandement défendue par EELV) n’hésite pas à défigurer nos territoires ruraux afin de produire la soi-disant énergie verte « sauveuse de la planète » avec des aérogénérateurs qui fonctionnent seulement 25% du temps mais qui polluent visuellement à 100% et de l’autre coté une centrale hydroélectrique en place(produisant une énergie pilotable avec un rendement très supérieur aux éoliennes), mais stopper à cause d’une aberration fiscale. Chercher l’erreur!!!! Remettre rapidement la centrale en activité plutôt que de défigurer à jamais nos espaces naturels me semble plus judicieux. Affaire à suivre!!
Un grand merci à vous tous pour vos prises de positions et explications complémentaires.
J’ajoute pour BOB, qu’une eolienne ne produisant que 25% du temps, il faut donc compenser par des centrales à charbon qui prennent le relai ! … Ca c’est du vert !!
Bonjour, merci pour vos explications claires. Je crois savoir que la question est la même sur le lac de Vinça…
De toutes façons, il est évident que les éoliennes n’ont rien d’écolo et ne sont que d’immondes et immenses pompes à argent public.
Et tant pis pour l’aigle de Bonelli et son cortège en voie de disparition.
On sait déjà que les éoliennes industrielles défigurent nos paysages, polluent nos sols et sont un véritable fléaux pour la faune (surtout aviaire). On sait aussi qu’elles sont catastrophiques pour l’industrie du tourisme et le patrimoine immobilier (-30% à -50% sur la valeur des biens). Ce que l’on dit moins, c’est qu’elles représentent aussi un réel danger pour la santé des riverains de par les infrasons qu’elles produisent (maux de tête, problèmes cardiaques et de sommeil…). Plusieurs études indépendantes l’ont prouvé sans que l’on en tienne compte. Déni de réalité, mensonges, tout est bon pour le lobby éolien dont le seul moteur est l’argent. Strictement rien d’écologique dans tout ça (seuls les naïfs peuvent le croire), simplement une histoire de gros sous que l’on nous oblige à financer par les taxes sur notre facture d’électricité et dont nous subissons en retour les effets…
150 a 200 metres de haut, c’est un marseillais qui a ecrit le texte, pourquoi pas dire qu’elles feront 300 metres tant qu’a en rajouter