Dans les Hautes-Pyrénées, le village d’Aulon abrite une centaine d’âmes au milieu d’une nature grandiose. On y raconte encore des histoires millénaires et on y pratique des traditions presque oubliées. Visite guidée.
La carte
Aulon est un village de montagne, à 10 kilomètres au sud-ouest d’Arreau, capitale historique des vallées d’Aure et du Louron (Hautes-Pyrénées).
• Altitude : 1 200 mètres.
• Population : 90 habitants, les Aulonaises et les Aulonais.
• Particularité : labellisé Village fleuri et Village étoilé (le seul du département)
• Le mot du maire, Jean-Bertrand Dubarry : « Tout est question de culture et d’amour des lieux. L’avenir d’Aulon ne se dessine ni avec des usines ni avec des aires de jeux. Il se construit avec des petits riens qui animent un environnement et une population. »
Le territoire
• Aux alentours : le flanc sud du massif de l’Arbizon dont le pic culmine à 2 831 mètres, le torrent du Lavedan qui, avec ses ruisseaux, traverse Aulon et se jette dans la Neste, la Réserve naturelle régionale d’Aulon avec ses étages montagnards subalpin et alpin, ses grenouilles rousses, ses marmottes, ses isards, ses gypaètes barbus et sa flore sauvage (bouquets d’iris des Pyrénées, chardons bleus, géraniums cendrés, lys martagons…).
• Un phénomène : l’entrée maritime, une masse d’air humide en provenance du littoral, installe généralement la brume autour du pic de l’Arbizon et fait dire aux anciens : « Quand le pic de l’Arbizon met son cache-nez, le mauvais temps pointe le bout de son nez. »
Première impression en arrivant
Ce village accroché à la montagne s’est-il endormi contre son église romane ? Seul le clapotis des fontaines, des lavoirs et des abreuvoirs lui donne un semblant de vie. Les apparences sont trompeuses…
Le style
Accolées les unes aux autres, les maisons à lucarnes s’enchevêtrent. Aux 18e et 19e siècles, les prés de fauche constituaient un bien précieux. L’espace dévolu aux habitations était restreint.
Construite au Moyen-Âge, l’église Saint-Félix-de-Valois abrite des peintures murales du 16e siècle, dont une représentation d’un pèlerin de Compostelle, ainsi qu’un mobilier baroque en bois polychrome sculpté et peint par Dominique Ferrère, fils et petit-fils d’artistes hauts-pyrénéens.
Dès que l’église n’est plus en vue, des croix plantées sur des rochers bornent les chemins et « éloignent le danger », affirment les fidèles.
L’ambiance
60 % de la population active travaille au village ! En partie grâce à la commune qui loue des terrains, des bâtiments professionnels et commerciaux ainsi que des logements à des prix attractifs.
L’été, la mairie recrute 4 bergers pour garder, dans les estives, des troupeaux de brebis, de vaches et de chèvres. Le pastoralisme maintient une grande biodiversité et la transhumance donne lieu, le premier week-end de juin, à une grande fête avec casse-croûte, chants et remise symbolique de la clé des estives aux bergers, par le maire !
Brève rencontre
Éleveuse et bergère, Céline Chemla, 33 ans, s’occupe d’un troupeau de 80 chèvres angora : elle les tond, trie leur laine, la stocke deux ou trois ans, avant de la confier à des artisans français pour le lavage, le peignage, le filage et la teinture. Dans sa boutique, elle propose des fils à tricoter, des vêtements, des chaussettes, des tissages mohair tout en moelleux, chaleur et légèreté.
La spécialité
Aulon est la seule commune des Hautes-Pyrénées labellisée Village étoilé par l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN). À une demi-heure de marche, dans le hameau des granges foraines de Lurgues, il y a même un observatoire : un promontoire où les visiteurs peuvent (re)découvrir les astres, les frémissements et la poésie de la nuit.
Arrêt sur images
À voir
« Le printemps ! » conseille le maire Jean-Bertrand Dubarry : « Au sortir de l’hiver et de la rigueur des frimas, la neige scintille et fond, les torrents jaillissent, les fleurs explosent de couleurs, les parfums se répandent… »
La légende
Les Aulonaises et les Aulonais se souviennent du temps où on les surnommait « ceux des bâts », en référence à leurs ancêtres qui, pour transporter de lourds fardeaux, équipaient leurs chevaux, ânes et mulets de bâts. En les empilant, ils espéraient décrocher la Lune. Mais aucun n’a jamais réussi à « prendre la lune avec les dents » comme on disait au 16e siècle, et tous se sont fait railler.
Y aller
Aulon n’est pas desservie par les transports en commun. On y accède par une route départementale, en voiture ou, idéalement, avec un vélo à assistance électrique. Le temps de s’enivrer sur six kilomètres (depuis Guchen le dernier village en fond de vallée) de paysages et de senteurs. Dans le village, on peut laisser sa bicyclette sur les racks mis à disposition et partir randonner sur des chemins balisés pour un tourisme tout doux.
Au fil des saisons
Aulon peut accueillir 300 personnes par nuit (chez l’habitant, gîtes, hôtellerie de groupe). Libre à chacun de choisir l’été pour les randonnées, le farniente, les étoiles et les galaxies ; l’automne et sa palette de couleurs, de l’azur du ciel au vert des pins à crochets, en passant par l’orangé des chênes, frênes, noisetiers ; l’hiver pour les activités neige (ski et raquettes) ou le fameux printemps.
Carnet de voyage
• Office du tourisme communautaire des vallées d’Aure et du Louron
9 place de la Fontaine
65170 Vieille-Aire
05 62 39 50 00
• Réserve naturelle régionale d’Aulon
Maison de la nature – 65240 Aulon
05 62 39 52 34