Le projet de réforme de la 5e République sera présenté en janvier 2019 par le gouvernement. Un appel pour inscrire radicalement la protection de l’environnement dans la Constitution mobilise la société civile.
Y aurait-il une grosse prise de conscience sociétale ? Les médias font maintenant quotidiennement des articles sur le réchauffement climatique et accordent plus d’importance à des faits divers tels que la naissances de bébés sans membres dans des zones agricoles pesticidées, une marée noire au large du cap Corse… Les choses bougent, indéniablement. Mais dans la tête de nos actuels dirigeants, en dépit de beaux discours sur la scène nationale ou internationale, la question écologique reste une question politique parmi d’autres.
UN QUARTERON DE JEUNES ONG
La mollesse du gouvernement est apparue de manière assez flagrante le 4 avril 2018, lorsque Édouard Philippe a présenté le projet de grande révision constitutionnelle souhaité par Emmanuel Macron (réduction du nombre de parlementaires, proportionnelle, limitation des mandats…) : le texte prévoyait d’ajouter aussi à l’article 34 de la Constitution de la 5e République « l’action contre les changements climatiques », formule vague perdue dans un article lointain et sans conséquences juridiques.
Quelques jours plus tard, un quarteron de jeunes ONG écolos et branchées (cf. encadré ci-dessous) lançait un appel pour une Constitution écologique. Le but : inscrire le respect de l’environnement dans l’article 1er du texte pour qu’il devienne la priorité des gouvernements. Cette initiative a certainement aidé Nicolas Hulot à obtenir une petite avancée au cours du mois de juillet : le parlement a voté un amendement indiquant dans ce fameux article 1er que « la République agit pour la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et contre les changements climatiques. »
- Qui sont les initiateurs de l'appel ?
- L’appel a été lancé le 22 avril dernier par quatre organisations écologiques animées par de jeunes militants écologistes : Climates (think tank), Notre affaire à tous (association pour la reconnaissance des écocides), Refedd (Réseau français d’étudiants pour le développement durable), Warn (réseau d’acteurs du changement).
Mais Nicolas Hulot souhaitait (peut-être vous en souvenez-vous) une rédaction plus ambitieuse. Comme les auteurs de l’appel, qui, tout en se réjouissant sur leur page Facebook de cette première victoire, réclamaient un meilleur texte : « L’État s’engage à agir mais ne fournit aucune garantie, nous soulignons l’absence des principes de limites planétaires et de non-régression des lois. »
Depuis la rentrée, l’appel pour une Constitution écologique reçoit davantage de soutiens : 34 000 signatures, à l’heure où nous écrivions cet article. La démission de Nicolas Hulot, l’organisation des Marches pour le climat et la publication du rapport du Giec ont sans doute accéléré le mouvement. De plus, l’affaire Benalla ayant obligé le président de la République à repousser l’examen de la révision constitutionnelle au mois de janvier 2019, la mobilisation pour une révision écologique de la Constitution dispose d’une fenêtre politique qu’il serait dommage de ne pas exploiter à fond.
• L’appel : https://www.notreconstitutionecologique.org/
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2 réponses
Bonjour Emmanuelle,
Pourriez-vous nous donner le lien pour participer à cet appel?
Et merci pour votre article.
Lucie
Chère Lucie, de rien, je suis contente que vous aussi souhaitiez ajouter votre signature à ce texte. Je viens de mettre le lien vers l’appel à la fin de l’article, c’est plus clair comme cela (sinon, il y en avait aussi un à l’intérieur de l’article mais moins visible c’est vrai).
Bonne journée 😉