Coudre pour résister au grand gaspillage

Face aux abus de l’industrie textile, la fashion warrior Emmanuelle Vibert invite tout un chacun à se fabriquer sa propre garde-robe. Comme le fit Gandhi.

Photo : Emmanuelle veil

Le genre
Manuel militant

Le pitch
Choquée par le scandale du Rana Plaza, une usine textile (Benetton, Mango, Tex, Camaïeu) insalubre au Bangladesh dont l’effondrement en 2013 causa la mort de 1138 ouvrières et en blessa 2000 autres, l’auteure décide de ne plus jamais craquer devant la petite robe ravissante et vraiment pas chère dont elle ignore les conditions de fabrication. Elle récupère la machine à coudre de sa grand-mère, une paire de ciseaux, des épingles, un mètre ruban, des aiguilles, du fil, une craie de tailleur, une équerre, un découd-vite et un dé à coudre, et commence à fabriquer elle-même ses habits. L’ouvrage rassemble plusieurs dizaines de tutoriels à la portée des citoyens qui ne sont jamais allés plus loin que l’ourlet.

L’auteure
Emmanuelle Vibert est journaliste spécialisée dans l’écologie, les alternatives, la consommation responsable. Passionnée par la mode, elle est toujours bien habillée et, si vous lui demandez où elle a acheté sa jolie blouse ou sa besace dernier cri, soyez sûrs qu’elle vous répondra : « C’est moi qui l’ai faite ». Elle aime aussi grimper aux arbres, mais ça, c’est une autre histoire.

Mon humble avis
J’ai été étonnée par la simplicité de certains tutoriels. Parfois, il suffit juste d’un coup de ciseaux ! Les modèles proposés reposent sur des formes géométriques de base, découpées dans des vieux pulls, tee-shirts, chemises et sweat-shirts. C’est le genre d’ouvrage pédagogique qui peut vous mettre le pied à l’étrier. Pour tout vous dire, l’hiver prochain, je crois bien que je vais me fabriquer moi-même un bonnet car cela a l’air facile et amusant. Je reproduis ci-dessous, avec l’aimable autorisation de l’éditeur, le tutoriel en question :

Couture récup'

Crédit photo : Pauline Maroussia P.
Modèle : Emmanuelle Vibert. Photo : Pauline Maroussia P.

Une phrase du livre
« Comme un livre, une étoffe peut m’émouvoir et me raconter des histoires : elle parle des mains qui l’ont tissée, ont créé ses motifs uniques, des techniques millénaires transmises de génération en génération, de la plante qui a poussé pour lui donner ses fibres ou ses couleurs. »

Un extrait du livre
« Les solutions pour s’habiller en respectant ses valeurs ? Vous les connaissez. On peut acheter des vêtements à des marques éthiques, aller fouiller dans les bacs des friperies et autres boutiques de seconde main. On peut aussi acheter moins, mais mieux, en préférant les pièces de qualité qui dureront longtemps, quitte à y mettre le prix.
On peut aussi coudre. C’est ce que je vous propose ici. Coudre, pour résister au grand gaspillage, l’idée n’est bien sûr pas de moi, mais de Gandhi. Le grand homme en a fait l’un des axes de sa pensée. Enfin, son ”truc” à lui, c’était plutôt d’aller filer le coton avec un rouet. Il s’agissait alors de lutter contre les colons et l’industrie textile qui, depuis le sol britannique, faisaient concurrence aux artisans indiens. Gandhi appelait les fonctionnaires à abandonner leur poste pour tisser des khadis, ces rectangles de tissu qui servent de vêtement traditionnel en Inde. Manier le rouet, assis en tailleur sur le sol, était pour lui une pratique quotidienne à la fois manuelle, spirituelle et morale. »

Emmanuelle Vibert, Couture récup’ – coudre pour résister au grand gaspillage, Rue de l’Échiquier, 2016, 104 pages.

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À propos de l'auteur
Journaliste, co-fondatrice du journal minimal, je suis spécialiste des questions de société.
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